Texte rédigé par Mme Marguerite LEBRUN, née NIVOIT
Monsieur
LIVOREL (père de mon arrière grand-père LIVOREL) était, au moment de
En 1810, les LIVOREL et les LEFRANC étaient les premières familles de Saint-Quentin, ne frayant que peu avec les autres. Sa femme, extrêmement rigide, de mœurs austères, voltairienne au point de vue religieux, possédait déjà à ce moment-là, valet de chambre, cocher, cuisinière, femme de chambre, etc. A partir de midi, elle ne portait plus que des robes de soie de couleur grise, puce, gris perle, etc. ; la laine n’étant digne que des femmes de chambre. Elle voyageait dans sa berline particulière, avec relais de poste.
Ils eurent 4 enfants :
Mme de Réverony
Mme Pinard
Mme Poisson, morte après 2 ans de mariage, sans enfant, et dont j’ai le collier de perles (3 rangs de perles, 1 fermoir en perles et une grosse perle).
M. Livorel, mon arrière-grand-père.
Celui-ci
épousa une demoiselle MALEZIEUX dont
Elle était la mère de grand-père et de ma tante de Saint-Quentin. Elle avait de si jolies mains que le peintre qui fit son portrait (actuellement en possession d’Henri MALEZIEUX-DETROI) avait insisté pour les peindre et avait demandé 150 frs de plus (prix énorme pour l’époque) afin de la peindre en buste, jusqu’à la taille, pour les faire voir.
LIVOREL – origine LÉPORELLO (famille italienne)
Mon arrière-grand-père LIVOREL, mort en 1886, s’était marié en 1830 (à l’âge de 27 ans) avec Mlle MALEZIEUX (cousine germaine du père de grand-père Emile MALEZIEUX).
Lorsque les princes d’Orléans vinrent à Saint-Quentin en 1830, ils ouvrirent le bal avec les femmes des autorités (maire, sous-préfet, etc.), mais demandèrent à danser ensuite avec la très jolie dame qu’était la jeune Mme LIVOREL (son portrait était dans le petit salon de ma tante de Saint-Quentin et j’ai tout l’écrin de ses bijoux d’or, représentés sur ce portrait. Mère a le haut peigne d’écaille).
Le père de ce grand-père LIVOREL tenait le haut du pavé à Saint-Quentin ; au moment de la Révolution de 1793, les Révolutionnaires, à défaut de nobles, prirent 12 notables les plus en vue et leur donnèrent le choix entre balayer la place de Saint-Quentin ou subir la peine de mort. Notre ancêtre fut de ce nombre. Sa femme, Mlle BIRTEL, était grande dame jusqu’au bout des ongles. A partir de midi, elle était vêtue de soie et portait un bonnet de vraie dentelle. C’est elle qui avait acheté Monplaisir. Elle avait grand luxe pour l’époque, valet de chambre, chevaux, berline, etc. et elle allait l’hiver dans le midi dans sa berline. Elle eut 4 enfants, un fils ci-dessus nommé, Mme PINARD, Mme de REVERONY, Mme POISSON.
Le père de ce LIVOREL était payeur aux armées du Roy sous LOUIS XV : il fit à ce titre la campagne de Hollande et rapporta de ce pays le modèle des jolies petites cuillers à café qu’on admire chez Mère.
Le père de grand-père MALEZIEUX était marchand de dentelles à Saint-Quentin ; son fils Emile étant un des plus brillants élèves du collège, on décida de l’envoyer à Paris, au collège royal Henri IV. Un de ses professeurs, M. BOUILLÉ, s’intéressa à lui, le poussa à Polytechnique et voilà comment il devint ingénieur des Ponts et Chaussées.
Détail peu connu, Louis XVI a dû passer par Buzancy lors de sa fuite. Le marquis Angeard de Buzancy (qui habitait l’ancien château détruit par accident à la Révolution et dont il ne reste que les communs) s’offrait à le recevoir sans attirer l’attention. Tous les ans, la cavalerie de Stenay venait cantonner à Buzancy pour faire pâturer les chevaux dans ses vastes prairies : il était donc facile de faire venir, sous ce prétexte, des troupes fidèles au roi et tous les relais nécessaires sans éveiller l’attention des habitants. Mais Louis XVI refusa car il aurait dû traverser Reims où il avait été sacré et qu’il craignait d’y être reconnu. Il passa donc par Varennes et fit d’ailleurs tant d’imprudences tout au long du trajet que son arrestation fut un jeu d’enfant.
Monsieur LEJEUNE m’a raconté qu’un de nos ancêtres communs devait sa descendance à la Révolution et voici comment :
Il avait une fort jolie femme ; souvent, des moines du couvent voisin venaient demander l’aumône. Un jour, l’un d’eux fut trop aimable pour la jeune femme et notre grand-père le roua de coups.
Comme à cette époque, chacun se faisait justice soi-même, les moines revinrent le lendemain en nombre et armés. Ils s’emparèrent du couple et les enfermèrent dans des cellules séparées.
Au bout de 12 ans, la Révolution ouvrit les portes des prisons : les époux se retrouvèrent et, pour regagner le temps perdu, eurent une dizaine d’enfants dont l’un fut le grand-père commun d’Albert et de M. LEJEUNE.
TOUSSAINT : devise de la famille « Sanu, sanctus, cinctus » (sain de corps, saint et ceint d’une ceinture) = tous les adjectifs en sain, saint, ceint. Le cachet représente un homme nu, vigoureux, sain, simplement ceint d’une ceinture.
Notre arrière-grand-père MARION était professeur à l’Ecole du génie de Mézières, aux appointements du Roy. Cette école du Génie fut le berceau de l’Ecole Polytechnique, et notre grand-père, qui y était professeur de charpente, a eu comme élève le grand MONGE (et lui donna l’idée de la prescription) plus tard professeur à l’Ecole Polytechnique. Sa fille à l’âge de 18 ans, épousa notre grand-père TOUSSAINT qui en avait près de 60 et qui était Directeur des Messageries Royales de Mézières. A cette époque, il partait une diligence par semaine pour Paris et elle était souvent vide !
Ce grand-père TOUSSAINT a eu 3 enfants : l’aîné entra à Polytechnique en 1814 : les élèves de l’Ecole, n’ayant pas voulu crier « Vive le Roi » à la visite du duc de Berry (1815), l’école fut dissoute pour quelque temps. Ce Toussaint entre alors dans l’industrie et fut le fondateur de Baccarat. Son frère devint médecin à Mézières et sa sœur épousa M. BUFRET et devint ainsi ma grand-mère.
Mon trisaïeul NIVOIT (grand-père de Père) était fort gai et racontait souvent des histoires drôles. Un jour qu’on lui demandait son âge, il répondit : « Je n’en sais rien, je compte mes écus, je compte mes bouteilles parce qu’on pourrait m’en voler. Mais je ne compte pas mes années, personne ne m’en volera. »